Méthodes de séchages du bois et qualité du bois de chauffage
Avant d’être transformé en meuble, en charpente, en bardage, en objet d’art ou en manche de couteau, le bois doit traverser une étape essentielle : le séchage. Souvent négligée ou méconnue, cette phase détermine pourtant la stabilité, la résistance et la durabilité du matériau. Un bois mal séché peut se déformer, se fendre, ou perdre tout son charme naturel.
Comprendre l’importance du séchage, c’est donc comprendre ce qui fait la vraie qualité d’un bois travaillé.
Pourquoi le séchage du bois est-il si important ?
Le bois est une matière vivante, gorgée d’eau lorsqu’il est fraîchement coupé. Cette humidité interne, appelée “taux d’humidité”, peut atteindre jusqu’à 100 % du poids sec du bois. Or, un excès d’eau empêche tout travail de précision et compromet la solidité de la pièce finie.
Un séchage du bois bien mené permet de :
• Stabiliser le bois : il ne gonfle ni ne se rétracte selon les saisons.
• Prévenir les fissures et les déformations du bois.
• Améliorer la résistance mécanique du bois.
• Faciliter la mise en œuvre du bois (rabotage, collage, tournage, etc.).
• Garantir une belle finition du grain (huiles, vernis, résines adhèrent mieux).
Les deux grandes méthodes de séchage du bois
1. Le séchage du bois à l’air (naturel)
C’est la méthode la plus ancienne et la plus douce. Le bois est entreposé sous abri, ventilé, à l’abri du soleil et de la pluie, parfois pendant plusieurs mois ou années.
• Avantages : respect des fibres du bois, faible coût, séchage homogène.
• Inconvénients : très long, dépendant du climat, difficile à contrôler précisément.
Idéal pour les bois de grande valeur ou les pièces destinées à la coutellerie et au tournage d’art.
Certains débutants pensent bien faire en laissant leurs planches de bois sécher en plein soleil, Résultat : l’effet inverse se produit ! Le soleil chauffe la surface qui sèche trop vite, tandis que l’intérieur reste humide. Sous la tension, le bois se tord, se fend ou éclate. Parfois les professionnels arrosent de temps en temps pour éviter que les planches ou les billes de bois se fendent.
Le bois n’aime pas les coups de chaud ni les douches froides. Il préfère l’ombre et la patience.
2. Le séchage du bois en étuve (artificiel)
Utilisé dans l’industrie, ce procédé accélère le séchage grâce à la chaleur, la circulation d’air et le contrôle de l’humidité.
• Avantages : rapide, maîtrisé, adapté à la production en série.
• Inconvénients : peut fragiliser ou “cuire” le bois si mal géré.
Parfait pour les menuiseries, les charpentes ou les bois destinés à un usage immédiat.
Le séchage par chauffe du bois est le plus courant mais il existe d’autres techniques comme la condensation ou la basse-pression / vide.
Le bon taux d’humidité du bois
Un bois de qualité doit présenter un taux d’humidité adapté à son usage :
• 18–20 % : usage extérieur (terrasses, charpentes).
• 10–12 % : menuiserie intérieure.
• 8–10 % : tournage, coutellerie, ébénisterie fine.
Un taux trop élevé = bois instable. Un taux trop bas = bois cassant. L’équilibre est donc essentiel.
Conséquences d’un séchage mal fait du bois
Un bois mal séché peut :
• se déformer après mise en œuvre ;
• se fendre au fil du temps ;
• perdre son éclat naturel ;
• ou encore détériorer la colle et les finitions.
Dans la coutellerie ou la sculpture, ces défauts sur les essences de bois peuvent ruiner des heures de travail.
Le séchage du bois chauffage
C'est une étape cruciale pour une bonne combustion. Le séchage du bois de chauffage est une condition essentielle pour obtenir un feu efficace, économique et propre.
Un bois fraîchement coupé contient entre 50 et 70 % d’eau, ce qui le rend difficile à enflammer et peu performant. Lorsqu’il brûle humide, une grande partie de l’énergie sert à évaporer cette eau plutôt qu’à produire de la chaleur. Résultat : moins de rendement, plus de fumée, davantage de suie dans le conduit, et un risque accru d’encrassement du poêle ou de la cheminée.
Pour un chauffage optimal, le bois doit atteindre un taux d’humidité inférieur à 20 %. Ce niveau s’obtient après 12 à 24 mois de séchage à l’air libre, selon les essences (chêne, hêtre, frêne, bouleau…).
Le séchage du bois se fait idéalement :
- sous abri mais bien ventilé,
- à l’abri de la pluie et du sol,
- en bûches fendues et empilées de manière aérée.
Le soleil et le vent sont les meilleurs alliés d’un bon séchage. À l’inverse, stocker son bois sous une bâche étanche empêche l’air de circuler et garde l’humidité prisonnière.
En conclusion, le séchage du bois n’est pas qu’une étape technique — c’est un véritable savoir-faire. Qu’il soit naturel ou artificiel, il conditionne la beauté, la stabilité et la longévité du bois.
Un artisan qui prend le temps de bien sécher son bois travaille avec un matériau vivant mais maîtrisé, prêt à révéler tout son potentiel. C’est souvent là que se joue la différence entre un simple morceau de bois… et une pièce d’exception.


